Le Conservatoire des espaces naturels de Lorraine a ouvert ce 19 mai 2025 une série de webinaires organisés par l’Observatoire Grand Est de la biodiversité. Dans sa conférence intitulée : « Espèces exotiques envahissantes : quelles priorités en Grand Est ? », Camille Gunder nous a présenté le plan d’action régional prévu pour les dix prochaines années. Elle révèle ainsi une volonté territoriale de s’adresser au grand public sur ce sujet et de faire appel à la contribution des habitants et des acteurs économiques pour améliorer la situation.
Comment pouvons-nous donc agir ?
S’informer sur les espèces exotiques envahissantes du Grand Est
Les risques et menaces associées
Sur les 37 000 espèces introduites répertoriées au niveau mondial, 10 % ont un impact négatif sur l’environnement. L’Office français de la biodiversité nous prévient : elles sont l’une des cinq raisons principales d’érosion de la biodiversité. Leur introduction, volontaire ou accidentelle, favorise le déclin de populations d’espèces locales et la dégradation des habitats naturels et des services qu’ils rendent. On comprend mieux que les enjeux sont tels qu’elles nécessitent un cadre juridique.
Les mesures existantes
C’est ainsi que l’Union européenne réglemente la gestion de ces espèces depuis 2014. Elle a établi une liste remise à jour régulièrement de celles qui peuvent avoir des effets nocifs importants en Europe sur la faune et la flore, les services écosystémiques afférents, mais aussi la santé ou l’économie. Elles sont aujourd’hui au nombre de 88. Puis, en 2018, la France a mis en place une stratégie nationale. Celle-ci concerne toutes les espèces réglementées ou non par l’Europe et considérées comme espèces invasives par la France. Le code de l’environnement les classe selon deux niveaux d’interdiction : celles dont l’introduction dans le milieu naturel est illégal et celles dont l’importation sur le territoire, la possession, la vente, le transport, etc. sont strictement prohibés.
Le cas du Grand Est
Dans la région, 182 espèces végétales et animales, réglementées ou non, sont suivies de près selon une échelle de priorités : à préoccupation mineure, émergentes, implantées, potentiellement invasives, en observation, en liste d’alerte. Elles font l’objet d’un plan d’action régional paru en décembre 2024 et qui prend en compte uniquement les impacts écologiques. Il y aura aussi des conséquences à mesurer sur les plans sanitaires et socio-économiques. Quelques exemples :
- L’ambroisie à feuilles d’armoise provoque de graves allergies chez certaines personnes.
- Le moustique tigre véhicule le chikungunya ou la dengue.
- La jussie à grandes fleurs peut se propager dans un cours d’eau, remplacer les espèces locales, asphyxier le milieu et empêcher les pratiques de loisirs aquatiques.
Des conseils sur mesure
Pourquoi se documenter sur les différentes espèces introduites ? Pour être sûr de bien les identifier en milieu naturel et se référer aux moyens d’actions et interventions déjà expérimentés. Nous accédons à l’ensemble des informations sur la plateforme du Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes, mise en ligne par le Comité français de l’UICN et l’Office français de la biodiversité. Vous pouvez consulter aussi les listes du Grand Est sur le site de l’animation « Espèces exotiques envahissantes » Grand’Est. Bon à savoir : un atlas régional sera fonctionnel dès la fin de l’année 2025 et facilitera l’accès aux données sur la répartition des espèces dans le territoire de la région Grand Est.
Intervenir avec discernement
Une action « coup de poing » ?
Au cours d’une promenade, nous découvrons une prolifération de Lysichites jaunes. Croyant bien faire, nous pourrions être tentés d’arracher les plants en solo. Mais cette volonté d’éradication risque de les disperser : la dissémination des graines, et même des fragments de tiges et de racines, suffit pour qu’une population se développe ailleurs. Il est donc nécessaire de veiller aux périodes propices à l’intervention et de savoir quoi faire des déchets végétaux. Et se rapprocher des acteurs compétents susceptibles de nous renseigner ou de coopérer augmentera les chances de succès. Où trouver l’information ? En lisant les retours d’expériences sur la gestion des populations végétales. Pour le Lysichite jaune, la préconisation est d’extraire à l’aide d’une bêche toute la plante avec son rhizome, d’avril à septembre. Puis il faut l’enfermer dans un sac et incinérer les fleurs et les bulbes séparés au préalable du reste de la plante. De la même manière, des fiches d’actions précisent comment gérer les espèces animales.
Une envie d’acquérir une espèce à risque ?
Mais le fait d’éviter d’introduire des espèces exotiques dans nos jardins ou en milieu naturel reste le plus simple à accomplir. Même celles qui ne font pas encore partie des listes de surveillance peuvent perturber ou détériorer un écosystème. Dans le doute, il vaut mieux s’armer de circonspection et vendre ou acheter de manière responsable, par exemple des plantes labellisées « Végétal Local ». L’Office français de la biodiversité, d’ailleurs propriétaire de cette marque, s’emploie ainsi à sensibiliser les jardineries, les animaleries, mais aussi les acquéreurs, pour changer les mentalités. Particuliers ou entrepreneurs, acteurs de l’aménagement paysager, professionnels de l’agriculture, gestionnaires de milieux naturels : nous sommes tous concernés.
Une pratique individuelle ou collaborative ?
Le Conservatoire des espaces naturels de Lorraine, qui coordonne les actions à l’échelle du Grand Est sur ce sujet, nous invite à consulter le plan d’action régional et à faire remonter nos observations. Il nous renseigne volontiers à ce propos. L’occasion idéale pour nous ou nos entreprises d’intégrer un programme de science participative, afin d’analyser la localisation de certains foyers, constater leurs impacts et comprendre comment ils sont apparus ! Vous pouvez aussi demander si des comités locaux de pilotage ou des groupes d’expertises spécifiques existent et sont prêts à vous accueillir. Par exemple, sur la question du frelon asiatique, il faut se rapprocher des Organisations sanitaires apicoles départementales.
Le sujet des espèces exotiques envahissantes revêt un enjeu public, car il touche les écosystèmes locaux, les citoyens et les activités économiques. Cette conférence a mis en avant la volonté des différents acteurs de la biodiversité du Grand Est de nous placer à leurs côtés pour contribuer à résoudre le problème. Des partenariats bénéfiques peuvent ainsi se nouer avec des organisations à volonté régénérative ou soucieuses de la préservation de leur territoire.
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